Postface
La meŅmoire a des effondrements,
Les yeux sont recouverts de sept taies...
Je ne te vois pas ā seŅpareŅment.
Un trou blanc ā a` la place des traits.
Sans indices. Trou, vaste paļ¤leur
ā Que toi, tout toi! (Lāaļ¤me nāest que plaies,
Pure plaie.) Cāest lāļuvre des tailleurs
De marquer les deŅtails a` la craie.
Tout le ciel dāun seul tenant sāeŅtale.
LāoceŅan: des gouttes le remplissent?
Sans indices. Tout entier ā speŅcial ā
Lui! Complice est lāamour, non police.
Pelage dāalezan, de moreau?
Que le voisin le dise: il voit bien.
La passion coupe-t-elle en morceaux?
Et moi, suis-je horloger, chirurgien?
Tu es un cercle entier ā pleinement.
Tourbillon ā pleinement, bloc entier.
Je ne te vois pas seŅpareŅment
De lāamour. Signe dāeŅgaliteŅ.
(Dans les touffes de duvet, la nuit,
ā Collines dāeŅcume par rafales ā
La nouveauteŅ eŅtrange pour lāouŃe,
Au lieu du Ā«jeĀ»: le Ā«nousĀ» impeŅrialā¦)
Mais dans les jours eŅtroits, indigents
ā Ā«La vie, telle quāelle estĀ» ā en revanche,
Je ne te vois pas conjointement
Avec aucune.
ā MeŅmoire se venge.
Le poeme de la fin
Le poteau sur un ciel rouilleŅ,
Doigt hautain.
Lui, posteŅ au lieu deŅsigneŅ;
ā Le destin.
Moins le quart. Ponctuel, non? ā La mort
Nāattend pas.
ExageŅreŅment de`s lāabord:
Chapeau bas.
Chaque cil dāun deŅfi ā chargeŅ!
Bouche: exclue.
ExageŅreŅment deŅgageŅ,
Le salut.
ā Moins le quart. Exact, non? Syllabes
Sonnant faux.
Le cļur tombe: quāa-t-il? Signal
Du cerveau!
Ciel des noirs preŅsages: acier
Et rouilleur.
Lui, preŅsent au lieu familier.
Soir: six heures.
Ce baiser: le`vres de boix! Bien
Insonore!
Tel quāaux souveraines ā la main,
Tel quāaux morts...
Citoyen se preŅcipitant:
Les reins prennent.
ExageŅreŅment lancinante,
La sire`ne.
Hurlante, ainsi quāun chien rugit,
ā Bruit rageur.
(ExageŅration de la vie
Quand on meurt).
Soudain, ā ce qui nāest quāa` mi-corps ā
Jusquāaux astres.
(ExageŅreŅment, ou encore:
Tout plus vaste).
Mentalement: cher, cher. ā Quelle heure?
ā Sept, disons.
Au cineŅma, ou bien? ā Lueur:
«La maison!»
Libre fratrie nomade, ā
Cāest la` quāon te menait!
Cāest lāeŅclair, la tornade,
Le sabre ā son reflet,
Ce sont les mots en foule
Que dāeffroi nous taisons.
Cāest la maison qui croule ā
Ce mot: maison.
Cri de lāenfant perdu:
Ma maison!
Le tout-petit ā son duļ¤:
«Ma», «mes», «mon»!
Mon fre`re en aventure,
Ma fie`vre et ma fusion,
On se rue hors des murs,
Et toi ā a` la maison!
Cheval ruant rompt lāattache ā
Les cimes! ā Corde en charpie.
ā Mais de maison, pas la trace!
ā Si, a` dix me`tres dāici:
La maison sur la montagne.
ā Plus haut, encore? ā Au sommet.
Au bord du toit, la mansarde.
ā Ā«Qui ne bruļ¤le pas du fait
De la seule aube?Ā» De`s lors,
Vivre? ā Poe`mes, raillez!
Maison, cāest dire: dehors,
Dans la nuit.
(A qui narrer
Ma peine, oh! a` qui ma perte?
Lāhorreur violaceŅe, qui lāouŃt?...)
āVotre reŅponse ā enfin preļ¤te? ā
Cāest un meŅditatif: ā oui.
Et maintenant ā le quai. A lāeau
Je me tiens comme a` un corps dur.
SeŅmiramis, ah! ils sont beaux
Tes jardins suspendus, pour suļ¤r!
A lāeau ā rouleau de minerai
Aux macabres enluminures ā
Je me tiens, comme a` son livret ā
La cantatrice, comme aux murs
Lāaveugle... Prise dans tes froids?
Tu māentends? ā Je me penche (chiche?)
A lāeŅtancheuse-en-toute-soif
Je me tiens, comme a` la corniche
Le somnambule...
Peur, mais pas
Due au fleuve ā suis neŅe naŃade!
Prendre le fleuve pour le bras
De lāaimeŅ, quand il accompagne,
Fide`le...
Des morts cāest lāoctroi!
Oui, mais tous ne vont a` lāaurore...
La mort a` gauche et coļ¤teŅ droit ā
Toi. Mon flanc droit est comme mort.
La lumie`re irradie dāun coup.
Rire a` grelots de bricolage.
«Vous et moi, il faudrait que nous...
(Frisson)... Nous aurons le courage?Ā»
La` un brouillard blond transhume,
Vague dāun volant de gaz.
SurchauffeŅ, surenfumeŅ,
Et surtout ā surjacasseŅ:
Ce que cļ²a sent? Folle presse,
Combine et copinerie,
Cachotteries de commerce
Ainsi que ā poudre de riz.
CeŅlibataires bagueŅs,
Jeunes vieillards aduleŅs...
SurmoqueŅ, surricaneŅ,
Et surtout ā surcalculeŅ!
En liquide et en espe`ces,
Et le bec et la farine.
... Manigances de commerce
Ainsi que ā poudre de riz.
(De profil: ā cļ²a la`, cāest notre
Maison? ā Pas moi la maļtresse!)
Lāun tout a` son cheŅquier, lāautre
Au chiqueŅ dāun gant glaceŅ.
Celui-la` tout doux sāempresse
Pre`s dāun petit pied verni.
... Epousailles de commerce
Ainsi que ā poudre de riz.
Brisure dāargent: lāemble`me
De Malte au carreau, ā stellaire!
SurcaresseŅ, suraimeŅ,
Et surtout ā surcompresseŅ!
SurpinceŅ... (Il pue, le reste
De mangeaille: dis merci!)
... Tripotages de commerce
Ainsi que ā poudre de riz.
Courte, la chaļne? En revanche
Pas de lāacier, du platine!
Des troncs maļ¤chent une tranche
De veau, tremblant de leur triple
Menton. Sur un cou coļ¤nesque,
Le diable ā a` teļ¤te dāoutil.
... Catastrophe de commerce
Ainsi que ā poudre de qui?
Berthold Schwarz...
Un homme doueŅ ā
Et bienfaiteur de lāentourage.
ā Vous et moi, il faudrait que nous
Parlions. ā Nous aurons le courage?
Mouvement des le`vres. Je sais:
Ne parlera pas le premier.
ā Vous ne māaimez pas? ā Mais si je....
ā Vous ne māaimez pas! ā Et mineŅ,
Et liquideŅ, eŅlimineŅ!
(Regard dāaigle sur les parages)
ā Cļ²a ā la maison? Vous y pensez?
ā La maison est en moi. ā Verbiage!
Lāamour, cāest de chair et de sang.
Rougi de son sang qui sāeŅtale.
Lāamour, il vous semble que cāest ā
Bavarder derrie`re une table?
Un quart dāheure et chacun se rentre?
Ainsi que ces messieurs et dames?
Amour, cela veut dire...
ā Temple?
Petit! Que lāon vous plante lame
Apre`s lame! ā Sous lāļil braqueŅ
Des viveurs? (Et moi, a` lā eŅcart:
«Amour, cela veut dire: arc
Tendu: arc, corde: lāaccord craque.Ā»)
ā Amour, cela veut dire ā lien.
Nous, tout est loin: bouches et vies.
(Pas de mauvais ļil! ā tāai-je bien
DemandeŅ en cette heure intime,
Lāheure proche au sommet des monts
Et de la passion. Memoria ā
FumeŅe! Lāamour, cāest tous les dons
Aux flammes ā et toujours pour rien!)
La bouche ā fente de coquille
Paļ¤lie. Non rictus ā inventaire!
ā Et avant toute chose ā un lit
Unique.
ā Abļme! ā avez-vous lāair
De dire. ā Tambour de la main.
ā Ce nāest pas deŅplacer les monts!
Amour, cela veut dire...
ā Mien.
Je vous ai compris. Conclusion?
Tambour de la main sans arreļ¤t
Plus fort. (LāeŅchafaud et la place.)
ā Partons. ā Et moi qui espeŅrais:
Mourons. Cāest tellement plus simple!
Les trucs a` bon marcheŅ, suffit!
Assez de rimes, rails, hoļ¤tels...
ā Amour, cela veut dire: vie.
ā Non, les Anciens le deŅnommaient
Autrement.
ā Eh bien? ā
Le poing serre
Un poisson ā lambeau de mouchoir.
ā On y va? ā Votre itineŅraire?
Cartouche, rails, poison ā au choix!
La mort ā sans ameŅnagements!
ā La vie! ā En geŅneŅral romain,
Regard dāaigle a` son reŅgiment
DeŅfait.
ā Quittons-nous deŅsormais.
ā Je ne le voulais pas. Ou alors
Pas cela. (En silence: eŅcoute!
Vouloir, cāest le propre des corps,
De`s lors lāun a` lāautre ā aļ¤mes nous
Voila`...). Et il ne lāa pas dit.
(Oui, a` lāheure ou` le train se forme,
Le triste honneur de la sortie,
Vous le confiez aux femmes comme
Une coupe...) ā Qui sait? DeŅmence?
MeŅprise? (De courtoise allure,
Menteur confiant a` son amante
Lāhonneur sanglant de la rupture
Comme des fleurs...) Une syllabe
Apre`s lāautre: eh! bien ā quittons-nous,
Avez-vous dit? (Comme qui laļ¤che
Un mouchoir a` lāheure du doux
Tumulte...) De ce combat-ci
Vous eļ¤tes le CeŅsar. (O gifle!
Comme un tropheŅe ā a` lāennemi
Confier lāeŅpeŅe quāon a remise
Soi meļ¤me!). Il continue. (MonteŅe
Du bruit...) ā Je māincline a` nouveau:
Jamais on ne māa devanceŅ
Dans la rupture. ā A toutes vous...?
Et ne le niez pas! Vengeance
Dont Lovelace serait fier.
Geste vous honorant par chance,
Et māarrachant, a` moi, la chair
De lāos. ā Rire bref: perce la
Mort. Geste. (Volition: a` bout!
Vouloir, cāest le propre dāeux-la`,
De`s lors lāun a` lāautre ā ombres nous
Voila`...) dernier clou, non, dernie`re
Vis, car de plomb le cercueil ā est.
ā La toute dernie`re prie`re.
ā JāeŅcoute. ā Pas un mot jamais
Sur nous... a` aucun de ceux..., des
Suivants. (De leur brancard ainsi
Les blesseŅs au printemps ā leveŅs!)
ā Je lāaurais demandeŅ aussi.
En souvenir si je vous donne
Un anneau? ā Non. ā Grand regard vague
De qui sāabsente. (Mets-moi comme
Un sceau sur ton cļur, une bague
A ta main... TheŅaļ¤tre: pas trop!
Avalons!) De biais et tout bas:
ā Plutoļ¤t un livre? ā Comme aux autres?
Du tout! Non, nāen eŅcrivez pas,
De livres...
Donc pas la peine.
Donc pas la peine.
Donc pas de pleurs.
Dans nos fratries
Dāerrants peļ¤cheurs
āNuls pleurs, on rit!
On boit ā nuls pleurs!
Chaleur du sang
Quāon paie ā nuls pleurs!
Perle quāon fond ā
Dans le vin! Monde ā
Ouāon fait! Nuls pleurs!
ā Ainsi, cāest moi qui pars? Mes yeux
Le traversent. Arlequin jette
Un os ā la plus ignominieuse
Des primauteŅs ā a` sa Pierrette
Pour sa fideŅliteŅ: lāhonneur
De la fin. Geste du rideau.
Vocable dernier. En plein cļur
Un doigt de plomb: meilleur, plus chaud
Net...
Dents planteŅes
En pleines le`vres.
Ne pas pleurer!
Le plus muraille ā
Dans le plus pulpe.
Mais ā pas pleurer!
Fratrie dāerrants:
On meurt ā nuls pleurs!
Bruļ¤leurs ā nuls pleurs!
Cendres et chants
Cachent le mort
Chez nous, errants!
ā La premie`re? Le premier coup?
Les eŅchecs, en somme? Il faut dire
Que meļ¤me a` lāeŅchafaud on nous
Appelle les premie`res...
ā Vite
Ne me regardez pas! ā Regard ā
(Elles, par cascades deŅja`!
Que faire pour quāelles regagnent
Les yeux, le dedans?)... De ne pas
Regarder!!!
Voix forte et claire,
Yeux en arreļ¤t:
ā Partons, mon cher,
Je vais pleurer!
Ah! oui! Parmi les tirelires
Vivantes (commercļ²ants ā complices)
Une nuque blonde va luire:
Colza, houblon, seigle et maŃs!
Bafouant tous les commandements
Du SinaŃ ā amazonante
Toison! ā Chevelure-diamant,
Golconde des apaisements
(Pour tous!). Dame-nature abonde
En biens! Avare: pas toujours!
Chasseurs, de ces tropiques blonds
Ou` est le chemin du retour?
Une nuditeŅ qui exsude
Le vulgaire, agrippe ā adipeuse.
Ce ne sont que flots de luxure,
Fulminante dāor et rieuse.
ā Nāest-ce pas? ā Froļ¤leur et friseŅ
Le regard. Chaque cil ā la gratte!
ā Et avant tout: pareil fourreŅ!
Geste tourniquant en torsade.
O geste arrachant rien quāa` lui
Les habits! Plus simple que boire
Et manger ā rictus! (Dāun salut
Existe, heŅlas, pour toi lāespoir!)
Bon! sļurement ou fre`rement?
Une alliancļ²ante ā alliance! ā Rire,
Nāayant pas enterreŅ vraiment!
(Et, ayant enterreŅ, ā je ris!)
Puis ā le quai, le dernier. Plus tard:
Fin. SeŅpareŅs, priveŅs de main,
Voisins se tenant a` lāeŅcart,
On va. Du coļ¤teŅ du fleuve ā un
Sanglot. Je le`che sans alarme
Le sel du mercure en bouillons:
Le ciel a eŅpargneŅ aux larmes
La grand-lune de Salomon.
Poteau. Jusquāau sang sāy cogner
Le front! Quāil se fracasse! En poudre!
Co-meurtriers eŅpouvanteŅs,
On va. (La victime ā lāAmour.)
Arreļ¤te! Deux sāaimant ā dormir
Avec dāautres? SeŅpareŅment?
ā Vous comprenez que lāavenir
Est la`-bas? ā Moi: renversement!
ā Dormir! ā Le couple a` la mairie...
ā Dormir! ā Ni meļ¤me pas, ni meļ¤me
Rythme. ā Prenez mon bras, ā je prie!
On nāest pas des bagnards en chaļne...
DeŅcharge. (Main sur main ā en fait!
Son aļ¤me sur ma main!) Comme arme
Qui charge, au long des fils en fie`vre
Fait rage, ā sa main sur mon aļ¤me!
Gage. IriseŅ: tout! Plus iris
Que les larmes? Collier-rideau
De pluie. ā Quāun quai ainsi finisse
ā Jamais vu! ā Le pont:
ā Bien? (de dos)
Ici? Le-veŅe des yeux
Calmes. (Preļ¤t ā le convoi.)
Jusque chez vous, je peux...
Pour la der-nie`re fois!
Le der-nier pont.
(Ma main: que moi, je la deŅgage?
La rende? ā Non!)
Le dernier pont, dernier peŅage.
Lāeau et les cieux.
Pie`-ces pour la mort ā eŅtaleŅes.
Un sou gracieux
Duļ¤ a` Charon pour le LeŅtheŅ.
La pie`ce est dāombre,
Dāombre ā la main. Pas un bruit quand
Ces pie`-ces tombent.
Et donc, dāombre est la main qui prend
La pie`-ce dāombre.
Sans un reflet, sans un eŅcho.
Pie`-ces ā aux tombes!
Les morts ont assez des pavots.
Le pont.
Des-tination
Des amants sans espoir, haut centre:
Pont, toi ā passion:
Convention: rien que «passage-entre».
Moi ā comme au nid
Tapie, la coļ¤te ā je māy serre.
Ni avant, ni
Apre`s: Lāespace dāun eŅclair!
Ni jambes, ni
Bras. Le treŅfonds des os lāatteste:
Seul mon flanc vit,
Que, contre le voisin, je presse.
Tout dans le flanc!
La vie! Lui ā la veille et lāoreille!
Cāest jaune et blanc
ColleŅs! A lāesquimau pareille,
ā PresseŅe, colleŅe
A la fourrure. Et vous, Siamois!
Quoi? Vous ā lieŅs?!
Cette femme-la`, souviens-toi,
Maman ā tu lui
Disais: dans son triomphe quiet,
Et toute oubli,
Elle te portait, mais ā moins pre`s!
ā Communs! Conjoints!
Vois nos jours! Tu māas berceŅe contre
Ton cļur! Plonger?
Non! Laļ¤cher ta main ā Quāon nāy compte
Pas! Et blottie,
Blottie... Inarrachablement.
Pont: non ā mari:
Amant! ā Pur Ā«passage-devantĀ».
Tu nous fais vivre,
Pont! Nos corps: paļ¤ture du fleuve!
Givre a` la vitre,
Huļtre: māextirpent ā ceux qui peuvent!
Huļtre! A la vitre,
Givre! Ni divin, ni humain!
Me je-ter vive,
Comme une chose, moi, dont rien
Du monde faux
Des choses, nāa eu le respect!
Je reļ¤ve: il faut!
Cāest nuit! Dis quāau matin, apre`s:
Lāex-press et Rome!
Grenade? Saurais-je ou` je vais,
Dans le deŅsordre
Des Himalayas de duvets?
Bre`-che, trou sans
Neige: mon dernier sang la chauffe.
Entends mon flanc!
Les vers ā cāest tellement plus gauche...
Dis, reŅ-chauffeŅ?
A qui te loueras-tu demain?
Raison: faucheŅe!
Dis que le pont nāa pas de fin
Et nāen au-ra pas...
ā Fin
ā Ici? ā Geste incolore,
Dāenfant. ā Bien? ā Je le bois.
ā Un petit peu en-core:
Pour la dernie`re fois!
Au long dāusines reŅsonnantes,
Vibrant a` lāappel des voix...
Sous la langue le secret hante
Femmes et veuves, ā a` toi voi ā
ā la` je dis le secret de lāeļ¤tre
QuāEve a` lāArbre a celeŅ, vivante:
Je ne suis pas plus quāune beļ¤te
Que quelquāun a blesseŅe au ventre.
Cļ²a bruļ¤le... Lāaļ¤me quāon arrache
Avec la peau! Au trou! FumeŅe!
Partie, lāheŅreŅsie-grand-panache,
Lāineptie, ā Ā«aļ¤meĀ» deŅnommeŅe!
ChreŅtienne, terne infirmiteŅ!
FumeŅe! De compresses ā couvrir!
Elle nāa jamais existeŅ!
Etait ā le corps, il voulait vivre,
Ne veut plus.
Pardonne-moi! Je ne voulais
Pas! Clameur des fonds eŅventreŅs!
CondamneŅs attendant quāon les
Fusille, ā devant lāeŅchiquier
Au petit jour... Le judas comme
Pris dāun rictus narquois ā pour nous!
Car cāest bien des pions que nous sommes!
Et quelquāun la` ā mais qui? ā nous joue.
Brigands? Ou dieux au bon vouloir?
Tout englobant par le judas ā
Lāļil. Cliquetis dans le couloir
Du deuil. Planche leveŅe ā deŅja`!
Puis, la bouffeŅe de cigarette.
(Crachat.) ā On a veŅcu un coup!
(Crachat.) Chemin droit qui sāarreļ¤te
Sur les trottoirs du jeu ā au bout:
FosseŅ! Saigner! Par la lucarne:
Cāest lāļil de la lune qui point...
Et sur le coļ¤teŅ je regarde,
PencheŅe ā que tu es deŅja` loin!
ā Notre cafeŅ! ā Frisson
Unique ā a` lāunisson!
Notre e`glise! O ļlot!
Couple dāun jour, tre`s toļ¤t,
Vagabonds sans adresse,
On ceŅleŅbrait la messe.
Le bazar, la lavasse,
Autre rive et printemps...
Un cafeŅ deŅgueulasse, ā
CāeŅtait du foin vraiment!
(Cāest lāardeur des chevaux
Quāavec le foin on mate!)
DāArabie ā il sāen faut! ā
DāArcadie, lāaromate
Dudit cafeŅ...
Mais comme la patronne,
Nous ayant attableŅs,
Souriait, habile et bonne, ā
Et les eŅgards dāembleŅe
Des amantes blanchies:
Vivez! On fane, un jour!
Sans-le-sou, ā nos folies,
Baļ¤illements, ā a` lāamour
Souriant, ā a` la jeunesse!
A nos rires ā pour rire,
A lāironie ā sans cesse,
Aux visages ā sans rides, ā
Surtout ā a` la jeunesse!
Aux passions ā pas dāici!
Venant dāou`? ā qui se presse,
Venant dāou`? ā qui jaillit
Dans le cafeŅ blafard:
ā Les burnous et Tunis! ā
Aux muscles, aux espoirs
Sous nos chasubles tristes...
(Lāami, quāon ne me plaigne
Pas: tant de cicatrices!)
Et nous raccompagnant,
Avec son bonnet lisse
Et le linge hollandais...
A mi-souvenir, mi-comprendre,
Comme de la feļ¤te enleveŅs...
ā Notre rue! ā Dāautres vont la prendre...
ā Que de fois nous!... ā Loin, ses paveŅs...
ā Demain de lāOuest le soleil part!
ā David avec Dieu rompt les liens!
ā Et nous, au juste? ā On se seŅpare.
ā Il ne me dit strictement rien
Ce mot superabsurdissime:
SeŅ-pa-ra-tion. ā Une sur cent?
Un mot composeŅ de dix signes:
Rien que le vide sous-jacent.
Attends! La TcheŅquie nous eŅgare!
En serbe ou croate ā on le dit?
SeŅ-pa-ra-tion. On se seŅpare...
Surabsurdissime aļ¤nerie!
Oreilles: deŅchirement brusque
A ce son ā et lāangoisse plus loin...
SeŅparation ā ce nāest pas russe!
Pas feŅminin! Pas masculin!
Pas divin! Quoi! Nous ā des brebis
Baļ¤illant quāon disperse au repas?
SeŅparation ā en quel sabir?
De sens, cļ²a nāen a meļ¤me pas,
Ni de son! Bruit creux dāune scie,
Par exemple, pour un dormeur.
SeŅparation ā ce sont des cris
De rossignols, martins-peļ¤cheurs
Chez Khlebnikov...
Est-ce possible?
ReŅservoir videŅ ā voila` lāair!
La main contre lāautre ā est audible.
Se seŅparer ā cāest le tonnerre
Sur la teļ¤te... Dans la cabine
LāoceŅan! Le cap ā le dernier
DāOceŅanie! Rues ā trop a` pic:
Se seŅparer, mais cāest au pied
De la montagne... Pied pesant:
Deux soupirs... Paume ā sans retard,
Et clou! Argument renversant:
Se seŅparer ā cāest eļ¤tre a` part,
Or nous sommes soudeŅs...
Perdre tout en un tour ā
Net! Plus rien!
Banlieue, faubourg: des jours
Cāest la fin.
Finis ā silex, deŅlices,
Nous, jours et eŅdifices.
Villas vacantes! (ā Me`re aļ¤geŅe):
Meļ¤me respect pour celles-la`!
Car cāest une action que ā vaquer!
Le creux ne vaque pas.
(Villas vacantes a` moitieŅ,
Mieux vaudrait vous bruļ¤ler!)
Pas trembler, la blessure
InciseŅe.
Banlieue, banlieue: coutures
DeŅchireŅes.
Car lāamour ā (sans enflure
Superflue) ā est couture.
Ni mur, ni pansement, ā couture!
ā Pas dāarmure pour toi!
Couture: le mort cousu dur
En terre, et moi ā a` toi!
(Le temps dira de quelle trempe:
PreŅcaire ou reŅsistante!)
En tout cas, lāami, ā deŅchirure!
Mille eŅclats et deŅbris!
Fracas! Encore heureux (ā cassure!)
Quāelle nāait pas pourri!
Pas dāinfection! Rouge ā la vie
VeineŅe sous le baļ¤ti!
Oh! ne perd pas qui rompt
En force!
Banlieue, faubourg: des fronts
Le divorce.
Cerveaux ā au vent! (Dans les
PeŅripheŅries ā gibets).
Oh! ne perd pas qui rompt et part,
A lāheure ou` lāaube point!
Une vie cousue pour toi, tard,
Sans baļ¤ti, par mes soins.
Tordue? Pas de griefs! Faubourg:
Rupture des coutures.
Ames sans appreļ¤t: plaies
Partout!...
Banlieue, faubourg... Ample est
Le courroux
Du faubourg. Entends le destin,
Sa botte dans les flaques
De boue!... Ami, juge ma main
Qui coud en toute haļ¤te:
Le fil ā va le deŅfaire!
Le der-nier reŅverbe`re!
Ici? La magie gagne ā
Regard. (Races qui croient:
Regard). ā Sur la montagne?
Pour la der-nie`re fois!
ā Collines. Crinie`re
Drue: pluie dans les yeux.
Le faubourg ā derrie`re,
On est en banlieue,
On est. Mais quāen faire?
Maraļ¤tre-vireŅe,
Plus de lieu sur terre.
Nous, ici: crever.
Un champ. Haie autour.
Fre`re et sļur ā nous deux!
La vie est faubourg. ā
Construis en banlieue!
La cause est, messieurs,
Perdue! ā Inutile...
Des faubourgs ā rien quāeux!
Mais ou` sont les villes?!
La pluie rage et broie.
Debout, nous ā deux eļ¤tres:
Rageons. En trois mois
Premier teļ¤te a` teļ¤te.
Emprunter ā cāest a`
Job que voulait Dieu?
Mais sans reŅsultat...
On est en banlieue!
A lāexteŅrieur! Hors! Hors de la ville!
Remparts franchis! Tu comprends?
Vivre est un lieu ou` cāest impossible:
Le quar-tier juif, du dedans...
Et ne vа-t-on pas le front plus haut,
En devenant juif errant?
Aux yeux de qui nāest pas un salaud,
Le po-grome juif eŅtant
La vie. Ne vit que graļ¤ce aux nombreux
ReneŅgats! Graļ¤ce aux Judas!
Plutoļ¤t sur les ļles de leŅpreux,
En enfer! ā mais pas dans la
Vie, ā que pour les reneŅgats, que pour
Le bourreau: a` lui ā la brebis!
Le droit a` ma carte de seŅjour
Je le pieŅtine! Jāen ris!
PieŅtineŅ! Bouclier de David ā
VengeŅ! Viser dans la glu
Des corps! Nāest-il pas enivrant: vivre ā
Le Juif ne lāa pas voulu?!
Ghetto des eŅlites! Au trou! Tiens!
Pas de pitieŅ! Que des gifles!
En ce monde-ci hyperchreŅtien
Les poe`tes sont des Juifs!
Aiguiser les couteaux sur
Le roc, ou bien balayer
La sciure! De la fourrure
Sous les mains ā mouilleŅe!
Eh bien!, les sļurs, quoi?!
ā Force et seŅcheresse
Dāhomme! Sous les doigts ā
Larmes, non averse!
De quels charmes maintenant
Parler? Sur tes biens ā lāeau troļ¤ne!
Apre`s tes yeux de diamant,
Me ruisselant sous les paumes,
Fin de la fin. Cesse
Pour moi ā le naufrage.
Caresses, caresses
Le long du visage.
Cāest notre orgueil a` nous deux ā
Polonaises, a` nous autres ā
Marina. Apre`s tes yeux
Dāaigle pleurant sous mes paumes...
Mon ami, tu pleures!
Pardon! Tout est mien!
O sel et rondeurs
Au creux de la main!
Larmes dāhomme sont brutales.
Sur le craļ¤ne ā la massue!
Pleure! Et reŅpare plus tard
La honte avec moi perdue.
U-ne mer relie ā
Les poissons! Se le`ve:
... Coquille sans vie,
Le`vres contre le`vres.
En larmes.
De lāoseille ā
Au gouļ¤t.
ā Demain
Au reŅveil,
Moi ā ou`?
Le sentier a` moutons ā
Descend. Ville en vacarme.
Vers nous, trois filles vont.
Elles rient. Face aux larmes
Elles rient, ā plein midi
Terrestre, hautes creļ¤tes
Marines!
ā Elles rient
De tes larmes abjectes,
Indues, dāhomme!, visibles
Dans la pluie: plaies strieŅes!
Perle honteuse quāexhibe
Le bronze du guerrier.
De tes larmes, ā oh! verse! ā
Premie`res et dernie`res.
Tes larmes, ces perles
Que ma couronne acquiert.
Mes yeux leveŅs ā exprе`s!
Ils traversent lāaverse,
Fixes. Fixez plus pre`s,
PoupeŅes de VeŅnus! Reste
Ce lien-ci plus eŅtroit
Que lāattrait et lāeŅtreinte.
Le Chant des Chants nous doit
La parole ā on lāemprunte,
ā Obscurs oiseaux: contraint,
Salomon sāeŅmerveille,
Puisque pleur en commun
Est bien plus que sommeil!
Lui ā ployeŅ, eŅgal ā passe
Les creux dāombre en arceaux,
En silence, sans trace ā
Comme sombre un vaisseau.
Envoye de la mer