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Š§ŠøŃ‚Š°Ń‚ŃŒ онлайн «Если Гуша Ń€Š¾Š“ŠøŠ»Š°ŃŃŒ крылатой». Дтраница 23

Автор ŠœŠ°Ń€ŠøŠ½Š° Цветаева

Cendres

Il s’est abattu sur la ville de Saint Vinceslas
— L’incendie, ainsi, deŅ‘vore les herbes —
Apre`s avoir joueŅ‘ avec les facettes de Bohe  me!
— La cendre, ainsi, couvre les ba  timents,
La tempe  te de neige, ainsi, balaye les jalons…
De l’Eden — Tche`ques, dites-le! —
Que reste-t-il? Des cendres.
— La Peste, ainsi, reŅ‘jouit les cimetie`res!

2

Il s’est abattu sur la ville de Saint Vinceslas
— L’incendie, ainsi, deŅ‘vore les herbes —
Une deŅ‘cision — c’est votre dernier deŅ‘lai:
— L’eau, ainsi, s’approche des fene  tres,
La cendre, ainsi, couvre les ba  timents…
Par-dessus les ponts et les places
Pleure, il pleure le lion biceŅ‘phale…
— La Peste, ainsi, reŅ‘jouit les cimetie`res!

3

Il s’est abattu sur la ville de Saint Vinceslas
— L’incendie, ainsi, deŅ‘vore les herbes —
L’eŅ‘touffement, sans freŅ‘mir
— La cendre, ainsi, couvre les ba  timents:
Faites signe, a  mes vivantes! Prague
Aujourd’hui plus deŅ‘serte que PompeŅ‘i:
Un pas, un bruit — nous cherchons en vain…
— La Peste, ainsi, reŅ‘jouit les cimetie`res!

A l’allemagne

Oh, jeune fille aux joues les plus roses
Parmi les montagnes vertes —
Allemagne!
Allemagne!
Allemagne!
Quelle honte!
Tu as empocheґ la moitieґ de la carte du monde,
Ame astrale,
Jadis, tu faisais re  ver par tes contes,
Aujourd’hui, — tu avances tes chars.
Devant la paysanne tche`que —
Tu foules le bleґ de ses espoirs
Sous les roues de ton char
Et ne baisses pas les yeux?
Devant l’infinie tristesse
De ce petit pays —
Vous, les Germains, fils
De la Germanie, que sentez-vous?
O manie! O momie
De la grandeur!
Tu vas bru  ler,
Allemagne!
Folie,
Folie,
Ce que tu fais.
L’hercule triomphera
Des liens du serpent!
A ta santeґ, Moravie!
Et toi, Slovaquie, sois slovaque!
Tu recules, dans les sous-sols
Du cristal et — tu preŅ‘pares le coup:
Bohe  me!
Bohe  me!
Bohe  me!
Salut!

Ils ont pris

Les Tche`ques s’approchaient des Allemands
et crachaient.
(Voir les journaux mars 1939)
Ils prenaient — vite et ils prenaient — largement:
Ils ont pris les sommets et ils ont pris les treґfonds,
Ils ont pris le charbon et ils ont pris l’acier,
Et notre plomb, et notre cristal.
Ils ont pris le sucre et ils ont pris le tre`fle,
Ils ont pris l’Ouest et ils ont pris le Nord,
Ils ont pris la ruche et ils ont pris le bleґ,
Ils ont pris notre Sud et l’Est aussi.
Vary — ils ont pris et les Tatras — ils ont pris,
Ils ont pris le proche et ils ont pris le lointain,
Et — pire encore que le paradis sur terre! —
Ils ont vaincu — sur le sol natal.
Ils ont pris les balles et ils ont pris les fusils,
Ils ont pris les minerais et ils ont pris l’amitieŅ‘...
Mais tant qu’il y a de la salive dans la bouche
Tout le pays est en armes.

Foret

On taille — tu as vu! — On taille,
On taille! — Apre`s un che  ne — un che  ne.
Abattu, il ressuscite. Elle
Ne meurt pas — la fore  t.
Elle meurt; la fore  t, puis
Elle reverdit — a` la minute! —
(La mousse — une fourrure verte)
Il ne meurt pas, le Tche`que.
Non pas des diables, qui poursuivraient un moine,
Non pas le malheur — qui poursuivrait un geŅ‘nie,
Et non pas l’avalanche, qui n’est pas un amas,
Et non la vaste monteґe des inondations.
Non pas le rouge incendie des fore  ts,
Non pas le lie`vre — dans la colline,
Non pas le roseau — sous l’orage, —
Apre`s le fuhrer — les furies.
Tu ne mourras pas, peuple!
Dieu te garde!
De ton cļƒ‰ur tu as donneŅ‘ — le grenat,
De ta poitrine tu as donneŅ‘ — le granit,
Prospe`re, peuple —
Dur comme les Tables de la loi,
Chaud comme le grenat,
Pur comme le cristal.
Il est temps! Pour ce feu-la` —
Je suis vieille!
— L’amour — est plus vieux que moi!
— De cinquante fois janvier,
Une montagne!
— L’amour — est encore plus vieux:
Vieux, comme un pre`le, vieux, comme le serpent,
Plus vieux que l’ambre de Livonie!
Et plus vieux que tous les bateaux fanto  mes!
Que les pierres, plus vieux que les mers…
Mais le mal, dans ma poitrine — est plus vieux
Que l’amour, plus vieux que l’amour.

Sur le cheval rouge

a` Anna Akhmatova
Et grand ouverts, grand ouverts — les bras,
Les deux en croix.
Et renverseŅ‘e! Va, pieŅ‘tine-moi, l’eŅ‘questre!
Que mon esprit, jailli des co  tes, monte — vers Toi,
Creґature
De femme non terrestre!
Pas la Muse, non, pas la Muse,
Qui donc, au-dessus de mon pauvre landau
Me berc  ait de chansons,
Par la main — qui donc me conduisait?
Pas la Muse. Qui donc reґchauffait
Mes mains froides, mes paupie`res bru  lantes
Qui les rafrachissait?
Qui deŅ‘gageait les me`ches de mon front? — Pas la Muse,
Qui m’emmenait a` travers les grands champs? — Pas la
Muse.
Pas la Muse, nulle tresse noire, nul bijou,
Nulle fable — deux ailes cha  tain clair: voila` tout.
Courtes — surplombant chaque sourcil aileŅ‘.
Torse harnacheґ.
Panache.
Lui n’a pas veilleŅ‘ sur mes le`vres,
Ni beґni mon sommeil.
Ni pleureґ avec moi
Sur ma poupeґe briseґe.
Tous mes oiseaux — pour la partance
Il les la  chait — puis — l’eŅ‘peron nerveux,
Sur son cheval rouge — entre les monts bleus
De la deŅ‘ba  cle fracassante.
— Oh! les pompiers! Partout c  a hurle!
Lueur du feu — partout c  a hurle!
— Oh! les pompiers! L’a  me qui bru  le!
Pas la maison, qui bru  le?
La cloche d’alarme hulule.
Vas-y, balance-le, ton bulbe,
O cloche d’alarme! Pullulent
Les flammes! L’a  me bru  le!
Dansant des ravages du beau,
Aux gerbes rouges des flambeaux
J’applaudis — je bondis — rugis,
De moi l’eŅ‘clair — jaillit.
Qui m’a tireŅ‘e d’ou` c  a crache et gronde?
Quel aigle m’a ravie? — Je m’y perds.
J’ai sur moi une chemise — longue —
Avec un rang de perles.
Clameur du feu, cliquetis de vitres...
Sur chaque visage, au lieu d’orbites —
Deux brasiers luisent! — les lits s’eŅ‘plument!
On bru  le! On bru  le! On bru  le!
Craque donc, milleґnaire bahut!
Crame, toi — magot, masseŅ‘, reclus!
Ma maison: souveraine au-dessus.
Que souhaiter de plus?
Oh! les pompiers! — Que le feu redouble!
Fronts peintureŅ‘s d’or, tous — au fourneau!
Incendie: oh! tiens debout, debout!
Que croulent les poteaux!
Soudain quoi — a crouleŅ‘ — si soudain!
Un poteau? — Pas crouleŅ‘!
Vers le ciel — fol appel de deux mains —
Et le cri: Ma poupeґe!
Qui — me suivant — galope, deŅ‘vale,
Me jetant un ļƒ‰il-juge?
Qui — me suivant — roule d’un cheval
Rouge — a` la maison rouge?
Un cri. De ceux qui passent le mur
Du cri. La foudre, et lui:
Brandit la poupeґe comme une armure,
Droit comme l’Incendie.
Tsar dresseґ parmi les feux fugaces,
Et son front se laboure.
— Je te l’ai sauveŅ‘e, — a` preŅ‘sent: casse!
Et libe`re l’Amour!
Soudain quoi — a crouleŅ‘? Pas le monde,
Non! Lui n’a pas crouleŅ‘!
Mais deux mains — suivant — l’eŅ‘questre, montent
D’une enfant — sans — poupeŅ‘e.
Cruelle lune — aux volets s’ache`ve.
Voila` mon premier ra  ve.
Enlaceґs rudement.
Plus bas: bruit du torrent.
Monte a` nos pieds leґgers
De l’eŅ‘cume envoleŅ‘e.
Enlaceґs sans murmure:
Les colonnes d’eŅ‘cume!
Je suis tous ses harems,
Il est tous mes emble`mes.
Brusque entrelacs d’eŅ‘paules:
Flanc contre flanc, et paumes...
A nos pieds deґchausseґs
L’eŅ‘cume vient mousser.
— Du pont... Chiche! Et sur l’heure!
Que j’y lance une fleur...
Il voit — et — simplement
D’un bond — dans le torrent!
Est-ce le pont, ou bien moi — qui tremble?
Sang ou vague — en eŅ‘moi?
GlaceŅ‘e, je regarde — sans comprendre
Ma vie — qui se noie.
Qui soudain — d’un grand geste de cape
Me jeta — vers les cieux?
Qui soudain — rutilant, fit qu’eŅ‘clate
Flamme rouge — en feu bleu?!
L’eŅ‘clat. Du gouffre triomphe un son:
Lui, d’un saut — souplement
Soule`ve le corps comme un poisson
Droit comme le Torrent.
Tsar dresseґ parmi les flots pointus,
Et son front se laboure.
— Je te l’ai sauveŅ‘, — a` preŅ‘sent: tue!
Et libe`re l’Amour!
Soudain quoi — s’est rueŅ‘? Pas la trombe,
Non! Nulle intempeґrie!
Mais deux mains — suivant — l’eŅ‘questre, montent
D’une — sans — son ami!
Noir mareŅ‘cage — aux volets s’ache`ve.
Voila` mon nouveau re  ve.
Nuit pourchassante — et pas d’autre voie:
Le sang durcit.
Fils! CreŅ‘ation de ma hanche, toi, —
Guide, conduis!
Brave, en avant! — L’Esprit des Montagnes
Est un, nous — deux.
Seuls l’aigle ici et l’aurore gagnent.
Nous — parmi eux.
L’ouragan! — Les dieux repartiront,
L’aigle en a peur...
Plus haut, l’aneŅ‘! — Ces hauts lieux seront
Notre hauteur!
Rongeant la poussiе`re d’ici-bas,
J’enfante un fils —
Et la Foudre Divine s’abat:
L’aigle l’a pris!
C’est a` pic et nu et noir la`-haut!
Ses petits bras: deux barres.
Qui donc, sinon Zeus dans son berceau —
Tient l’aigle? Nul deŅ‘part!
Rire. En reŅ‘ponse — ailes en furie,
Griffes — perceuses: raides.
Qui me suivant — et d’eŅ‘clairs fit fuir —
Le tonnerre de l’aigle?!
Ra  le. Un rugissement deŅ‘toneŅ‘
A pourfendu les monts.
Lui l’a leveŅ‘ comme un Premier-neŅ‘,
Droit comme l’Invasion.
Tsar dresseŅ‘ parmi l’onde des nues,
Et son front se laboure.
Je te l’ai sauveŅ‘, — a` preŅ‘sent: tue!
Et libe`re l’Amour.
Soudain quoi — a craqueŅ‘? Le cļƒ‰ur dur
D’un bois sec: nullement!
Mais deux mains — suivant l’eŅ‘questre — d’une
Femme — sans — son enfant!
Cruelle aurore — aux volets s’ache`ve.
C’est mon troisie`me re  ve.
Feґvrier. Deґformeґs, les chemins.
Folle neige — aux champs.
BalayeŅ‘s, tordus — les grands chemins
Par l’artel des vents.
Tantot cretes que le galop couche,
Et tantot — l’abrupt,
A talonner l’Equestre-Le-Rouge,
Ma route a son but.
Tantot la`! A porteŅ‘e de la main!
Taquin: — touche, va!
Bras absurdement tendus; devient
Neige — le cheval.
Me`ches du panache dans les yeux?
Ou saule, au virage?
Eh! les marieurs! — Ni une, ni deux...
Vents: au balayage!
Balayez, amassez les obstacles —
Plus haut que les rocs,
Que son cheval au sabot d’attaque,
CloueŅ‘ la` — se bloque.
Les vents eŅ‘coutent — que plainte cre`ve,
Et leur plainte cre`ve.
Il court sa course rouge sans treve,
Mon eŅ‘questre reve.
Me`ches d’ailerons qui s’emballaient?
Ou saule, au virage?
Tenez — haut, tenez — haut les balais!
Vents: rage! A l’ouvrage!
Que voila`? Quelle butte carreґe
Emerge du sol?
Comme si la tempete cabrait
D’un coup cent coupoles.
Chasse couronneґe: enfin, la pause.
Deґja` mon front capte
Le feu des fers, deґja` dans ma paume
Le bord de la cape!
En renfort, avec glaive et tonnerre,
Le Tsar — Guerroyant!
Mais le cheval se rue et — tonnerre
Dans l’autel grondant.
J’avance et trane, telle une meute,
La troupe des vents.
Les voutes ne figent pas l’eŅ‘meute
Des sabots sonnants.
Messe d’un mort — rond grondement monte —
Neige qui vrombit:
Le trone est renverseŅ‘! — Vide! Monde
Sous terre — terni!
Geignez, geignez, murmurez — les murs!
Toi, neige, chahute!
L’eŅ‘cume du cheval rend obscure
L’aura des chasubles.
Titube une coupole. Oh! croulez,
Gloire et force et foi!
Et mon corps s’eŅ‘croule, eŅ‘carteleŅ‘ —
Les deux bras en croix.
Immense lutte d’arcs-en-ciel: tout
Lustre aura claqueґ.
Accepte-moi, toi — si pur, si doux,
Pour nous, crucifieґ.
A ta main vengeresse, on est lieґs?
Accepte le feu!
D’en haut: mais, qui sont le cavalier,
Le cheval, — les deux?
L’armure est sur lui — soleil qui brille!...
— Vol abrupt! Volons! —
La cheval — droit sur ma poitrine —
Plante son talon.
Cape de feu — aux volets s’ache`ve.
Galop de feu — treve!
Ni neige vrombissante,
Ni balayage — balai.
Ni panache emballeŅ‘, —
Saule, au virage.
Ses me`ches grises balayeґes
DeŅ‘marche balanceŅ‘e, — sans bec d’aigle
D’outre-nue, mais le nez fourreŅ‘
Dans l’eŅ‘pais nuage d’un chaudron, —
Une bonne femme —
Elle a dans les mains —
Un chiffon.
Verre a` l’envers sur bouteille pas finie
On laisse — on y reviendra.
— En quoi est-ce mon reve? Et le reve dit:
Ton Ange ne t’aime pas.
Premier tonnerre sur le crane — ou coup dur
Sur le crane?! — Gens! Hola`!
Front rongeant l’oreiller sec: ce coup de dire:
Le premier: Ne t’aime pas!
N’aime pas! — Tresses de femme: nul besoin!
N’aime pas! — De bijoux rouges: nul besoin!
N’aime pas! — Mais sur le cheval — sauterai!
N’aime pas! — Sauterai — au ciel!
O esprit de mes pe`res, secouez vos chanes!
Vacillez, pins seґculaires!
Eole! O esprit de mes pe`res, mes me`ches
DoreŅ‘es, brouille-les! De l’air!
Sur le cheval blanc, au devant des guerriers
Allons, — sous la foudre des fers argenteŅ‘s!
Voyons, voyons comment se bat cet altier
Sur le Cheval-Dit-Le-Rouge!
De bon augure: le ciel s’abat!
L’aube ensanglante mon casque!
Soldats! Jusqu’au ciel — encore un pas:
Le grain crot sous la caillasse!
En avant — par dessus le fosseŅ‘! — TombeŅ‘s? — Un rang.
Au suivant — par dessus le fosseŅ‘! — TombeŅ‘s? — Encore
Au suivant — par dessus le fosseŅ‘! — Le glaceŅ‘ blanc
Des cuirasses, qui sait: sang? Aurore?
Soldats! — Quel ennemi — enfoncer?
Dans mon sein un frisson chauffe.
PeŅ‘ne`tre, peŅ‘ne`tre, eŅ‘peŅ‘e d’acier,
Un rayon — sous mon sein gauche.
MurmureŅ‘: tu es comme je t’ai voulue!
RumineŅ‘: tu es comme je t’ai eŅ‘lue,
Enfant de ma passion — sļƒ‰ur — fre`re — future
Sur le glacier — des armures!
A nul autre — jusqu’a` la fin des temps! Mienne!
Moi, les bras leve`s: Lumie`re!
— Tu resteras, a` nul autre seras, — non?
Moi, pressant sur ma plaie: Non.
Pas la Muse, non, pas la Muse,
Ni l’usure des liens
Parentaux, — ni tes filets,
O AmitieŅ‘! — Pas une main de femme, —
une feŅ‘roce —
A serreŅ‘ sur moi le nļƒ‰ud —
— En force.
Terrible alliance. — Moi, coucheŅ‘e dans le noir
Du fosseŅ‘ — Le Lever est si clair —!
Oh! qui m’a fixeŅ‘ ces deux ailes sans poids
A l’eŅ‘paule —
Derrie`re?
Teґmoin muet
Des tempetes vivantes —
CoucheŅ‘e dans l’ornie`re,
Je lorgne
Les ombres.
Tant que
Vers l’azur
Ne m’emportera pas
Sur le cheval rouge —
Mon Geґnie!

Le poeme de la montagne